En 2020, le département du Travail des États-Unis a placé plusieurs entreprises sur liste noire en raison de liens présumés avec le travail forcé des Ouïghours dans le Xinjiang. Skechers a été citée parmi les marques concernées, bien que la société ait affirmé avoir mené des audits indépendants sur ses fournisseurs.
Les chaînes d’approvisionnement mondiales font l’objet d’une surveillance accrue, alors que la pression internationale sur les entreprises impliquées dans la région du Xinjiang ne faiblit pas. Les initiatives et déclarations de Skechers interrogent la capacité réelle des marques à garantir l’éthique de leur production, en Chine comme ailleurs.
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Où sont vraiment fabriquées les chaussures Skechers ?
La production des chaussures Skechers se joue sur plusieurs terrains asiatiques. Si la Chine reste le pilier du dispositif, le Vietnam et l’Indonésie jouent aussi un rôle de premier plan dans cette logistique géante. Ce choix n’est pas un hasard : main-d’œuvre qualifiée, chaînes de montage ultra-rodées, coûts sous contrôle. Derrière chaque paire, des usines telles que XDS ou Chaussures Huangxuan matérialisent cette organisation à grande échelle. À Hangzhou, centre industriel de poids, ces ateliers collaborent non seulement avec Skechers, mais également avec d’autres marques reconnues comme Viakix ou Pinko.
Pour mieux cerner cette toile industrielle, voici les principaux partenaires sollicités par la marque selon les pays :
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- En Chine, Skechers fait appel à des sociétés comme XDS, Chaussures Huangxuan, Chaussures rehaussantes C&F, Mescot et Chaussures Heva.
- Au Vietnam et en Indonésie, d’autres fournisseurs complètent l’écosystème, élargissant encore la capacité de production.
La quasi-totalité des modèles Skechers provient donc d’Asie. Le siège américain, Skechers USA Inc, orchestre l’ensemble, tandis que des entités locales, notamment Skechers China (fruit d’un partenariat avec Luen Thai Enterprises), structurent la présence régionale et pilotent les opérations. Côté innovation, la filiale chinoise privilégie la solution PLM de Centric Software pour fluidifier les échanges avec les ateliers et accélérer le développement produit.
Dans cette industrie où tout va très vite, Skechers doit constamment équilibrer volume, qualité et contrôle. Les chaussures qui arrivent en rayon en France, que ce soit en magasin ou sur le web, ont déjà parcouru un long chemin, passant de main en main à travers différents pays et partenaires. L’enjeu : garantir la régularité des approvisionnements tout en répondant aux exigences croissantes de traçabilité.
Travail forcé des Ouïghours : un contexte qui interpelle
Les révélations sur le recours au travail des Ouïghours en Chine ont bouleversé l’industrie. Des organisations comme l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) ont publié des enquêtes accablantes, pointant la présence de main-d’œuvre ouïghoure dans les ateliers de fournisseurs liés à des marques internationales. La région du Xinjiang reste au centre des préoccupations : point de friction, zone sous contrôle, où les soupçons de travail forcé persistent sur de nombreux maillons de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Le nom de Skechers a émergé dans ce contexte tendu. Les soupçons portent sur certains fournisseurs chinois susceptibles d’avoir eu recours à du travail forcé ouïghour. Le schéma est complexe : sous-traitance à plusieurs niveaux, flux de matières difficilement traçables, contrôles souvent limités. Les ONG multiplient les alertes, les entreprises tentent de rassurer, mais la demande de transparence devient une exigence incontournable.
Voici ce que révèlent les principaux rapports et réactions des parties concernées :
- Selon le rapport de l’ASPI de 2020, Skechers figure parmi les marques pouvant être touchées par le recours à la main-d’œuvre ouïghoure.
- Face à ces accusations, la Chine rejette systématiquement les critiques, tandis que les groupes mondiaux évoluent en terrain miné, tiraillés entre pression politique et impératifs réglementaires.
Désormais, la question de la responsabilité des marques et des potentielles complicités ne se limite plus aux spécialistes du droit international. Le débat gagne les comités de direction, modifie les stratégies et contraint à revoir la cartographie des partenaires. Les scandales forcent tout l’écosystème à sortir de sa zone de confort pour adopter de nouveaux standards et revoir l’ensemble de ses processus.
Comment Skechers répond aux enjeux éthiques et aux critiques ?
Face aux accusations et à l’exposition médiatique, Skechers a décidé d’afficher sa volonté de jouer la carte de la responsabilité. La question du travail forcé des Ouïghours a provoqué une réaction nette : la marque s’engage sur la route de la transparence. Des contrôles qualité renforcés et des audits réguliers rythment désormais les relations avec les usines partenaires, qu’elles soient en Chine, au Vietnam ou en Indonésie. Chaque fournisseur doit s’aligner sur un code de conduite inspiré des normes internationales, surveillé de près par les ONG et les investisseurs.
Le service de conformité de Skechers pilote un dispositif d’audit présenté comme strict. Des organismes extérieurs interviennent parfois pour évaluer les conditions de travail et la protection des droits humains. Les fournisseurs comme Mescot ou XDS sont passés au crible, leur aptitude à respecter les exigences étant systématiquement contrôlée. Personne n’est à l’abri des dérives, mais le système tente d’en limiter la portée.
En parallèle, Skechers doit aussi gérer d’autres fronts : accusations de publicité mensongère, contentieux avec d’autres géants du secteur (Nike, Adidas, Reebok) autour de la question de la contrefaçon. La marque ajuste donc sa communication, met en avant la traçabilité de ses produits, la rapidité de réaction face aux alertes, et multiplie les efforts pour sécuriser la gestion des données. La digitalisation de la chaîne de production, grâce à Centric Software, devient un levier de contrôle supplémentaire. Malgré tout, la vigilance des consommateurs et des ONG ne faiblit pas.
Ce qu’il faut retenir sur la transparence et les engagements de la marque
Skechers érige la transparence en argument majeur. Derrière l’essor commercial, la marque s’emploie à renforcer la traçabilité et le contrôle qualité sur toute la chaîne. Les sites partenaires, en Chine, au Vietnam et en Indonésie, font l’objet d’audits réguliers. Les collaborations avec des fabricants comme XDS ou Chaussures Huangxuan, basés à Hangzhou, illustrent cette volonté de surveiller chaque étape de la production.
L’accélération digitale occupe une place de choix dans la stratégie de Skechers. En Chine, la marque s’est associée à Centric Software pour piloter l’ensemble du cycle produit via le PLM. Cette technologie permet d’optimiser la gestion des données, d’améliorer la visibilité sur l’ensemble du processus de fabrication, et d’intervenir rapidement en cas de problème. Chaque étape, de la conception à la distribution, gagne en robustesse et en réactivité.
Pour synthétiser les axes d’action annoncés par la marque, voici les principaux leviers mis en avant :
- Audits sociaux et contrôle qualité appliqués sur l’ensemble des sites asiatiques
- Suivi technologique via des outils digitaux intégrés dans les processus de production
- Communication renforcée pour valoriser les initiatives éthiques après les polémiques liées aux chaînes d’approvisionnement
La croissance de Skechers s’appuie sur une clientèle variée, des familles aux jeunes, séduite par le confort, notamment grâce à la technologie Memory Foam. Mais au-delà de la promesse commerciale, la marque s’engage à renforcer les audits, à soigner la gestion des données et à garantir une fabrication conforme aux attentes d’un marché mondial de plus en plus vigilant. La transparence n’est plus un simple argument marketing : elle s’impose comme une exigence permanente, sous le regard scrutateur du public et des ONG. Demain, chaque paire de Skechers portera peut-être, en filigrane, la trace de cet engagement surveillé de près.